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EntreLivres - Newsletter #9
Chers amis, cette newsletter avait été préparée avant le confinement. Elle a été modifiée, suite à l'annulation de nombreux événements culturels au théâtre, à la médiathèque et dans les librairies. Mais, résolument optimistes, nous espérons encore que l'édition 2020 d'EntreLivres pourra se tenir ...
EntreLivres Saison 3 : le samedi 16 mai 2020 trois auteurs viendront à votre rencontre pour une journée qui s'annonce passionnante ...
? Le matin, vous dialoguerez avec Sébastien BERLENDIS et Fabio VISCOGLIOSI
Photo Lou Dahlab
Sébastien BERLENDIS se présente ainsi : "La création artistique a toujours été au cœur de mon existence. La photographie a d’abord été l’objet de mes premiers travaux, exposés depuis 2008 en France et en Europe. Des textes accompagnent toujours mes images. Progressivement l’écriture a pris le pas sur la photographie (même si cette dernière, et le cinéma que j’ai étudié demeurent présents dans mes textes). Quête des origines, l’Italie, l’adolescence, l’omniprésence de l’été, entremêlement des temps irriguent chacun des textes. Depuis 2012, j’entretiens une correspondance littéraire et amicale avec l’écrivain Claudio Magris.
Par ailleurs, j’enseigne la philosophie en lycée depuis."
D’abord des courts textes accompagnant ses images jusqu’à parvenir à un premier récit en 2013, Une dernière fois la nuit paru dans la collection « La forêt » aux éditions Stock, qui aborde les thèmes de la mémoire, la maladie et le souffle. Ce texte est d’ailleurs composé de fragments, qui ne sont pas sans rappeler des instantanés photographiques et le montage de ces instants est comme une référence discrète au montage cinématographique.Par la suite, il a publié un second roman en 2014 L’Autre pays (éd. Stock) dont l’action se déroule en Italie, terre de ses ancêtres. Même si la quête des origines familiales n’est pas le point central de son œuvre, elle traverse tout de même en creux, chacun de ses textes. Son troisième roman, Maures aborde les tracas de l’adolescence (Stock, 2016). Très attentif à la musicalité de sa prose, il aime à décrire son écriture comme suggestive et peu explicative, soit impressionniste.
En 2018, il publie Revenir à Palerme que Sylvie Tanette présente ainsi dans les Inrockuptibles : "Une quête intime à Palerme : le très beau quatrième roman de Sébastien Berlendis sur nos territoires disparus. “Les jours vécus et rêvés s’accordent sans que je puisse les distinguer.” La phrase est un condensé de ce court texte de Sébastien Berlendis, dans lequel un narrateur arpente Palerme à la recherche d’un amour perdu. Il explore un palais abandonné, se promène sur le port, marche dans les ruelles et les quartiers populaires. Il se souvient, il imagine, et chaque recoin de la ville le renvoie au passé."
Publié chez Actes Sud en ce mois de mars 2020, Des saisons adolescentes est le dernier roman de Sébastien Berlendis : en classe de terminale, un professeur de philosophie propose à ses élèves de s’attacher au récit d’un seul souvenir ; de n’en choisir qu’un, comme si c’était le dernier, avant que tout ne disparaisse… Une trentaine de fragments, mélancoliques ou pleins d’ardeur, comme autant de séquences cinématographiques de ces états transitoires, qui forment le portrait sensible de l’adolescence.
Torses nus, bermudas colorés, nous cherchons l’ombre dans les escaliers des barres d’immeuble, les terrasses secrètes – même si je ne viens que l’été, je connais la cartographie de la cité par cœur. Nous cherchons les frictions et l’épuisement sur les pelouses sèches des terrains de football, l’excitation des plongeons à la piscine municipale, nous n’allons jamais à la mer, nous attendons la nuit pour embrasser Carla. S. B.
Fabio VISCOGLIOSI est écrivain, mais aussi dessinateur et musicien. Il a publié quatre romans, des bandes dessinées et des livres de dessins, et des albums musicaux, dont le dernier, Rococo, en 2019. Son dernier roman s'intitule Harpo (Actes Sud 2020).
Fabio Viscogliosi explore avec Harpo, son nouveau roman, un épisode fantasmé de la vie du harpiste. Victime d'un accident de voiture dans le sud de la France, Harpo se réveille momentanément amnésique, et personne ne sait qui il est. Son errance française, vouée à l'hédonisme de celui qui n'a plus que le présent, se lit comme un hommage joyeux aux vadrouilles cinématographiques des années 1930.
"A ce propos, on a reçu ce matin des nouvelles de l'Est, par télégramme, Harpo a bel et bien quitté Moscou comme prévu, le 6 de ce mois, l'ambassade est formelle. Par ailleurs, on ne signale aucun incident particulier sur la ligne ferroviaire. C'est donc au Havre, à la descente du train, que sa trace se fond dans le paysage. Le chief detective réfléchit en allumant une nouvelle Chesterfield. Il déambule dans le bureau et vient se chauffer les fesses contre le radiateur en fonte.
Voilà une affaire qui l'émoustille, un tableau vaporeux à souhait, sfumato, comme il les aime. La difficulté le stimule, mieux, le rassure. A présent, il l'affirme, poing serré, on va le retrouver, pour sûr — Harpo Marx, tout de même, ce n'est pas n'importe qui". F. V.
? L'après-midi, la parole sera donnée à François REYNAERT
Né en 1960 à Dunkerque, François REYNAERT est journaliste et écrivain. Le premier livre d’histoire qu’il a publié, Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises (2010), est devenu un best-seller. Avec La Grande Histoire du monde arabe (2013), puis La Grande Histoire du monde (2016, prix des lecteurs Essais 2018 du Livre de Poche), l’auteur continue d’inciter le lecteur à changer de regard sur le passé. Son dernier ouvrage, Voyage en Europe, est paru chez Fayard en janvier 2019. Un voyage dans plus d’un millénaire d’histoire de l’Europe, de Charlemagne à la construction européenne, redonnant force et vie à l’idée d’une identité partagée.
S’arrêter face au trône de Charlemagne, dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, pour rêver d’un empire qui fonda l’Europe. Se promener dans les rues de Nuremberg, de Bruges, de Gênes pour raconter la résurrection des villes et l’invention de l’économie, au Moyen Âge. Arpenter les falaises de Sagres, au sud du Portugal, pour imaginer le prince Henri le Navigateur guettant à l’horizon le retour des caravelles. Retrouver, en Pologne, le chanoine Copernic, qui chamboula notre rapport à l’univers. Chercher, dans les couloirs de Westminster, l’âme du parlementarisme et dans la salle du Jeu de Paume à Versailles celle de la Révolution française. Profiter d’une promenade d’un bout du continent à l’autre, pour explorer son passé.
En ce début de XXIe siècle, les passions nationales flambent de nouveau. Nombre d’Européens n’imaginent plus l’avenir que dans le repli alors que notre histoire est indissociable de celle du continent. Un Espagnol et un Polonais, un Allemand et un Français ont en commun le Moyen Âge et ses châteaux, la Renaissance, les Lumières, les bouleversements consécutifs à la Révolution française, la révolution industrielle, les deux guerres mondiales. C’est une évidence, et elle est oubliée. Le but de cette promenade est de lui redonner force et vie.
NOUS AVONS AIME ...
CENT MILLIONS D'ANNEES ET UN JOUR de Jean-Baptiste Andrea, éditions L'iconoclaste, 2020
Paléontologue en fin de carrière, Stan poursuit un rêve : retrouver le squelette d'un « dragon de tonnerre et de foudre » caché dans un cirque glaciaire des Dolomites.Un brontosaure, il en est certain. Cent millions d'années et un jour est le récit de cette expédition, mais aussi celui d'une expérience humaine que Stan partagera avec deux amis scientifiques et un vieux guide italien, grave et taiseux.
Le second roman de Jean-Baptiste Andrea est fort, haletant, mené comme une (en)quête. De fréquents retours en arrière nous éclairent sur l'enfance, la vie de Stan, créant ainsi l'empathie pour le personnage. Car il y a de l'émotion dans ce récit fluide écrit dans une langue simple et poétique. Pour résoudre l'énigme du mystérieux squelette, Stan devra lutter contre une nature somptueuse et hostile. Et pour se trouver il devra se dépasser, au risque de se perdre ...
UN ETE AVEC HOMERE de Sylvain Tesson, co-édition Equateurs/france Inter, 2018
"Au long de l'Iliade et de l'Odyssée chatoient la lumière, l'adhésion au monde, la tendresse pour les bêtes, les forêts - en un mot, la douceur de la vie. N'entendez-vous pas la musique des ressacs en ouvrant ces deux livres ? Certes, le choc des armes la recouvre parfois. Mais elle revient toujours, cette chanson d'amour adressée à notre part de vie sur la terre. Homère est le musicien. Nous vivons dans l'écho de sa symphonie."
Un livre qui se déguste comme un apéro entre amis un soir d'été, riche de pensée et d'échanges.
LE PAYS DES AUTRES de Leïla Slimani, éditions Gallimard, 2020.
"Librement inspiré par le destin des grands-parents de l’auteure, le roman s’ouvre avec l’arrivée à Rabat de Mathilde, une Alsacienne de 20 ans qui, en 1944, a rencontré un beau spahi stationné dans son village, Amine, et l’a épousé. « Fière d’avoir échappé à son destin », elle le rejoint. Bientôt, le couple s’installe à vingt-cinq kilomètres de Meknès, dans la propriété dont Amine compte exploiter la terre. Ils vont avoir une fille, Aïcha, et un fils, Selim. Amine s’endurcit et s’assombrit au fil des déconvenues agricoles et des brimades coloniales – lui qui pensait être devenu sur le front l’égal de ses anciens frères d’armes. Mathilde ment beaucoup dans ses lettres à sa sœur, restée en Alsace : « Elle prétendait que sa vie ressemblait aux romans de Karen Blixen, d’Alexandra David-Néel et de Pearl Buck. Dans chaque missive, elle composait des aventures où elle se mettait en scène, au contact de populations indigènes tendres et superstitieuses. »
Mais elle compose surtout avec l’ennui, la solitude, ce mari si différent de l’homme qu’elle a rencontré. Et le jugement porté, de toutes parts, sur son couple et sur le métissage dont sont issus ses enfants – ce métissage dont l’emblème, dans le roman, est le « citrange », une branche d’oranger qu’Amine a greffée sur un citronnier. Les arbres, la terre mais aussi la chaleur et le vent jouent un rôle central dans ce livre. Et Leïla Slimani décrit sans lyrisme les paysages et les atmosphères dans lesquels s’inscrivent ses personnages. Elle y met la même précision que pour évoquer ces derniers, leurs élans, leurs déceptions et leurs hontes.
La narration se glisse successivement au côté de chacun, adultes ou enfants, et cette alternance des points de vue donne autant son ampleur à la saga que l’écoulement des années et l’intensité de cette période historique peu racontée par la littérature française. Leïla Slimani a déjà fait savoir que le deuxième tome serait consacré aux années 1960-1970." Raphaëlle Leyris, Le Monde, 5 mars 2020.
Si vous souhaitez à votre tour conseiller un livre, à vos plumes ! Nous attendons vos suggestions à l'adresse suivante : entrelivres.draguignan@gmail.com
BOOK CLUB
Notre prochain club de lecture se tiendra comme d'habitude au Café Inventé, rue de Trans. Il nous est impossible à ce jour de vous communiquer une date. Nous vous tiendrons informés dès que la situation sanitaire permettra une reprise de nos activités.
Nous vous proposons dans cette attente de lire l'ouvrage choisi :
UNE MACHINE COMME MOI de Ian McEwan, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, éditions Gallimard 2020.
Londres, 1982. Dans un monde qui ressemble à s’y méprendre au nôtre, quelques détails dissonnent : les Beatles sont toujours au complet, les Anglais ont perdu la guerre des Malouines et le chercheur Alan Turing est encore en vie. Grâce à lui, les prouesses technologiques sont inouïes et les avancées scientifiques en matière d’intelligence artificielle fulgurantes. C’est ainsi que Charlie fait l’acquisition d’un 'Adam', un androïde doté de l’intelligence artificielle la plus perfectionnée qui soit. Adam ressemble beaucoup à un humain, sait faire la conversation, écrit des poèmes et proclame son amour pour Miranda, la compagne de Charlie. En dépit de la jalousie que cette déconcertante situation induit, le trio vit en bonne entente, insensible aux catastrophes économiques et sociales qui bouleversent l’Angleterre après l’assassinat du Premier ministre et la possibilité d’une sortie de l’Union européenne. Mais Adam et ses semblables ont été conçus pour respecter les règles et ne parviennent pas à accepter les imperfections du monde — notamment le mensonge. La situation va alors se compliquer au sein de cet inquiétant ménage à trois. Dans ce roman subtil et subversif, à l’humour noir et à la pertinence redoutable, Ian McEwan explore le danger de créer ce que l’on ne peut contrôler, et pose une question mélancolique : Si nous construisions une machine qui puisse lire dans nos cœurs, pourrions-nous vraiment espérer qu’elle aime ce qu’elle y trouve?
"La machine à laquelle fait référence le titre du roman, c’est donc Adam, « premier androïde viable fabriqué en série, doté d’une intelligence et d’une apparence plausible, de mouvements et d’expressions crédibles », qu’achète Charlie, un beau jour de l’année 1982, pour la coquette somme de 86 000 livres sterling. « La publicité le présentait comme un compagnon, un interlocuteur digne de ce nom dans les échanges intellectuels, un ami et un factotum qui pouvait à la fois faire la vaisselle, les lits, et ‘‘réfléchir’’. »
Costaud, les cheveux noirs, la peau mate et les yeux bleus, Adam ressemble « à un docker du Bosphore», déclare Miranda, la voisine et petite amie de Charlie, lorsque Adam est extrait de son emballage et bientôt mis en marche, après que sa personnalité a été définie et programmée à quatre mains par le couple : «Devant un enfant qui grandit, le parent curieux peut se demander lesquelles de ses caractéristiques il tient de son père, lesquelles de sa mère […]. Dans la personnalité d’Adam, nos cartes à Miranda et à moi étaient bien rebattues […]. Peut-être avait-il ma tendance à théoriser inutilement. À moins qu’il n’ait quelque chose de la nature secrète de Miranda, de son sang-froid et de son goût de la solitude…» Se met alors peu à peu en place, dans le huis clos de l’immeuble où vivent Charlie, Miranda et désormais Adam, un drôle de ménage à trois, moins scabreux qu’imprévisible. Incertain, de plus en plus, tandis que se développent les compétences d’Adam et que s’affirment sa « personnalité » (comment dire autrement ?) et sa soif d’autonomie. Ce qui ne sera pas sans incidence sur les existences de Charlie et de Miranda, mais aussi de Mark, un enfant de 4 ans que McEwan introduit dans l’histoire, orchestrant entre lui et Adam un troublant jeu de miroirs et d’échos." Nathalie Crom, site Télérama, 9 janvier 2020.
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