ENTRELIVRES - Newsletter #8
L'équipe d'EntreLivres vous souhaite une belle année 2020 !
Et pour ouvrir cette première newsletter de l'année, levons le voile sur deux des invités d'ENTRELIVRES SAISON 3
?Vendredi 15 mai à 15h30 à la Médiathèque, vous dialoguerez avec Jean-Baptiste ANDREA, auteur du roman MA REINE, paru en 2017 aux éditions de l'Iconoclaste (en poche chez Folio).
Jean-Baptiste Andrea, réalisateur et scénariste, situe son premier roman, Ma reine, dans le Var, près de Fayence, un endroit dont il aime les sentiers rocailleux, la lumière du soleil, les odeurs de sarriette et les brusques orages. Dans une première vie, à Paris, Jean-Baptiste Andrea a poursuivi des études de commerce, mais on comprend qu’il s’agissait uniquement de rassurer ses parents. Car, depuis l’enfance, ses goûts le portent vers l’écriture et le cinéma.
« J’avais le texte en tête et j’ai écrit d’un jet pour garder le rythme », explique-t-il, comme étonné de son aplomb. Il se souvient qu’à l’origine de sa réflexion, il y avait la nature, la Haute-Provence et la montagne, mais aussi les stations-service à l’abandon qui jalonnent la route Napoléon. Des images, donc, pour planter le décor, mais aussi un personnage : Shell, un gamin, immature, « différent » comme on dit poliment quand on ne sait pas quoi dire.
Maniant avec virtuosité les codes de la fable et du conte, Ma reine célèbre l’enfance à travers la pensée, la voix et l’itinéraire d’un garçon de 12 ans que l’école et le voisinage traitent de « différent ». En ville, il n’y a rien pour lui, ni ami, ni avenir. Aussi aide-t-il ses vieux parents dans leur station-service obsolète, remplissant le réservoir d’essence des rares clients, vêtu de son blouson Shell, devenu son surnom. Shell sait qu’un jour prochain on viendra le chercher pour le placer dans un institut et décide de partir faire la guerre car, pense-t-il, combattre est le meilleur moyen de devenir un homme. Mais nous sommes en 1965, en Provence, et quand le gamin prend le maquis, il ne trouve ni bataille ni ennemi derrière la montagne. Tout juste un paysage magnifique et une fille mystérieuse, Viviane, dont il fera sa reine… Ecrit à la première personne, le livre de Jean-Baptiste Andrea évite les mièvreries en restant à la bonne distance romanesque et stylistique. Si Viviane est une fée, si son ami berger a quelque chose d’un ogre, Shell n’est pas le Petit Poucet mais un personnage effaré par l’adolescence, les métamorphoses du corps, les mensonges des filles et la beauté de la nature. Il y a du Howard Buten dans la poésie attentive de Jean-Baptiste Andrea, quelque chose aussi de Maurice Pons dans sa façon d’appréhender le monde et de deviner ce qu’est l’amour. Mais il a trouvé sa propre langue, faite de phrases courtes et directes, à l’image de son héros lunaire qui évite de poser des questions puisqu’il n’attend aucune réponse.
Quoi qu’il en pense, Jean-Baptiste Andrea garde l’œil du cinéaste. Il décrit la lumière du soir sur les pompes à essence empoussiérées, l’apparition de Viviane, la “reine” descendant de son rocher rouge, les écoliers bousculant celui qui ne leur ressemble pas. « Pour parler au nom de Shell, j’ai épuré mon geste et tenté de disparaître », dit l’auteur. Il craignait de jouer faux comme ces enfants comédiens qui cabotinent. Et réussit un roman mélancolique mais drôle en magnifiant son héros poétique. « Je veux parler de la beauté du monde, précise Jean-Baptiste Andrea, laisser une fin ouverte à ce texte sur la liberté. » (Christine Ferniot, Télérama, octobre 2017)
?Samedi 16 ou dimanche 17 mai (date et horaire à définir), nous vous proposerons de rencontrer Sandrine Lanno, metteuse en scène, directrice artistique de L'Indicible Compagnie, qu'elle a créée en 1997. Elle viendra nous présenter son documentaire 5 femmes, qui sera également projeté.
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Sandrine Lanno a dernièrement mis en scène Le cours classique, une pièce d'Yves Ravey, qui fut notre invité lors de la Saison 2 d'EntreLivres.
En 2018 elle a réalisé son premier film documentaire "5 FEMMES", sur les attentes de femmes détenues pour de longues peines, produit par Marie-Ange Luciani - Les Films de Pierre.
"Cinq femmes, un espace clos, une parole qui se libère et circule librement au gré du temps qui passe : tel est le point de départ d’un film peu connu d’Ingmar Bergman, L’attente des femmes. C’est aussi le dispositif que je veux mettre en oeuvre auprès de femmes détenues pour de lourdes peines au Centre Pénitentiaire Sud Francilien de Réau. Réinventer avec elles la mécanique de l’oeuvre originelle, questionner leur rapport à la notion – fondamentale en situation de détention – de l’attente, pénétrer le réel par l’entremise de la fiction pour, peut-?être, déployer une autre image de cette minorité recluse, la faire exister et lui donner la parole, le temps d’un film, au-delà des murs opaques de la prison."
Le documentaire « Cinq femmes » a reçu en octobre et novembre dernier deux prix:
2019 : Traces de Vies - Clermont-Ferrand (France) – Prix Un regard social
2019 : Festival Interférences – Cinéma Documentaire & Débat public - Lyon (France) – Prix du jury Compétition documentaire de création
Il vient d’être sélectionné au festival Première fois (Festival de premiers films documentaires) qui se tiendra à Marseille du 3 au 8 mars 2020. Il y sera projeté le 7 mars.
ACTUALITE CULTURELLE DE FEVRIER
?AU THEATRE DE L'ESPLANADE courez voir la pièce Une des dernières soirées de Carnaval de Carlo Goldoni, mise en scène par Clément Hervieu-Léger, mardi 4 février 2020 à 20H30.
Posé sur la scène, il y a un plancher de bois, comme un parquet de bal sur lequel viendraient danser les liens d’amour et d’amitié. Zamaria, un tisserand vénitien, convie ses proches à une fête. Il ne sait pas que sa fille chérie projette de suivre le jeune Anzoletta à Moscou, où un travail attend ce talentueux dessinateur. Le texte de Goldoni n’est ni drame ni comédie, mais miroir dans lequel se reflète ce qui fait la chair d’une société : on rit, on pleure, on joue, on s’agace, on s’enthousiasme, on hésite, on décide. Ce temps présent d’une société avec ses figures simples, ses êtres familiers, ses femmes et ses hommes sensibles est sculpté dans ses moindres secondes par un artiste qui a décidément du théâtre une approche intuitive et sensuelle. Clément Hervieu-Léger, metteur en scène, a de l’or dans les mains. Les nôtres tremblent à l’idée (saugrenue ?) qu’il nous préfère un jour Moscou ! (Joëlle Gayot, Télérama)
?A la CHAPELLE DE L'OBSERVANCE, samedi 8 février à 11h, la Compagnie Septembre propose sa seconde LECTURE APERITIVE : vous y entendrez des extraits du roman de Tanguy Viel, Article 353 du Code pénal, lus par le comédien Philippe Ricard, accompagné au piano par Raminta Neverdauskaite.
?A la librairie LO PAÏS, une soirée "Spéciale Saint Valentin" est organisée le 14 février à partir de 17 heures.
L'occasion de rencontrer deux jeunes auteurs :
- EMMA BECKER pour son roman La maison, Prix du roman des étudiants France Culture-Télérama.
«J’ai toujours cru que j’écrivais sur les hommes. Avant de m’apercevoir que je n’écris que sur les femmes. Sur le fait d’en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c’est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j’en éprouve la même fascination qu’un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie.»
Suivez ce lien pour voir la présentation du roman sur le site des éditions Fammarion
- JULIEN DUFRESNE-LAMY pour son roman Jolis jolis monstres
Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter.
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme.
Les plus jolis monstres du monde.
Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des club kids et des stars underground. Quand trente ans plus tard il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé.
Sur trois décennies, Jolis jolis monstres aborde avec finesse et fantaisie la culture drag, le voguing et la scène ballroom dans un grand théâtre du genre et de l’identité. Au cœur d’une Amérique toujours plus fermée et idéologique, ce roman tendre mais bruyant est une ode à la beauté, à la fête et à la différence. Une prise de parole essentielle.
Suivez ce lien pour en savoir plus sur ce roman
NOUS AVONS AIME ...
MISS ISLANDE d'Audur Ava Olafsdottir, éditions Zulma 2019, Prix Médicis Etranger 2019.
Hekla voit le jour en 1942, son père lui donne le nom d'un volcan islandais. Elle portera en elle la lave incandescente des mots qu'elle écrit, irrépressiblement mais vainement, car dans les années 60 en Islande une femme ne peut être écrivain. Si elle veut être connue et reconnue, si elle veut voyager, qu'elle devienne plutôt Miss Islande !
Hekla lit, écrit, résiste sans violence, poursuit inlassablement son rêve, elle sait aimer mais aussi quitter. Elle est la narratrice de ce roman ironique et mélancolique.
Le style d'Audur Ava Olafsdottir ne se charge d'aucun effet inutile. Il peut surprendre par sa relative sécheresse, reflet de la singularité de la narratrice qui semble n'exister que dans et par la littérature. Hekla traverse la vie avec détachement, elle raconte son quotidien comme si elle n'en était qu'une observatrice. Etrangère au monde, à sa société conservatrice et patriarcale. "L'écriture est mon ancrage dans la vie. Je n'ai rien d'autre", dit-elle.
LE DERNIER HIVER DU CID de Jérôme Garcin, Editions Gallimard, 2019
Il y a soixante ans, le 25 novembre 1959, disparaissait Gérard Philipe. Il avait 36 ans. Le livre de Jérôme Garcin retrace d'août à novembre 1959 les derniers mois et jours de l'acteur, et revisite la France artistique des années cinquante avec ses engagements, sa vitalité, sa rigueur, son exigence. Un très beau texte sur un très grand artiste.
Jérôme Garcin, écrivain et journaliste, est l'auteur d'une vingtaine de livres.
Si vous souhaitez à votre tour conseiller un livre, à vos plumes ! Nous attendons vos suggestions à l'adresse suivante : entrelivres.draguignan@gmail.com
BOOK CLUB
En raison des vacances scolaires, notre prochain café littéraire se tiendra VENDREDI 13 MARS au Café Inventé, rue de Trans, à 17h. Nous vous proposons d'échanger autour de deux textes :
• Le roman LE GHETTO INTERIEUR de Santiago H. Amigorena (Editions P.O.L., 2019)
Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu’ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d’interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l’un d’entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.
Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence.
• Un texte de théâtre, Qui a tué mon père, d'Edouard Louis, éditions du Seuil 2018 (en poche dans la collection Points)
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Comme ses livres précédents (En finir avec Eddy Bellegueule, 2014, Histoire de la violence, 2016), Qui a tué mon père, d’Édouard Louis, a pour centre la violence : celle que l’on subit, celle que l’on inflige, violence physique et psychologique. Qui a tué mon père s’organise autour de souvenirs du narrateur, souvenirs qui sont comme des instantanés brefs, suscités – lors d’un retour du fils auprès de son père –, par la vision de ce qu’est devenu celui-ci : un corps en lambeaux, souffrant, détruit. Le corps soumis à la violence sociale et politique, à une violence intime exercée par la collectivité, par le pouvoir (social et politique toujours), par soi sur soi est cette fois celui du père.
Dans le monde du père, on boit beaucoup et on a une idée bien précise de ce qu'est un homme. On ne rigole pas sur ces questions-là, surtout devant les copains. Alors avoir un fils qui aime jouer la fille, un garçon qui travaille bien à l'école, c'est la honte. Cette histoire-là, Edouard Louis l'avait déjà racontée en 2014 dans En finir avec Eddy Bellegueule. Il y revient. "Mais est-ce qu'il ne faudrait pas se répéter quand je parle de ta vie puisque des vies comme la tienne personne n'a envie de les entendre ? Est-ce qu'il ne faudrait pas se répéter jusqu'à ce qu'ils nous écoutent ? Pour les forcer à nous écouter ? Est-ce qu'il ne faudrait pas crier ? Je n'ai pas peur de me répéter parce que ce que j'écris, ce que je dis ne répond pas aux exigences de la littérature, mais à celles de la nécessité et de l'urgence, à celle du feu".
Qui a tué mon père a été mis en scène et interprété par Stanislas Nordey. Retrouvez la présentation de son texte par Edouard Louis au Théâtre National de Strasbourg en cliquant ici, et quelques extraits du spectacle en suivant ce lien
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