Café littéraire

Le 20/12/2019 à 17:30

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  • Le Café inventé - DRAGUIGNAN

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La vie d'Emilienne, c'est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d'un chemin sinueux. C'est là qu'elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu'à ce que l'adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s'appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.

Une bête au Paradis est le roman d'une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté. 

Extraits d'un entretien paru dans Le Monde des livres le 4 septembre :

Au début de l’année, avec « Sérotonine » (Flammarion), on a vu Michel Houellebecq s’emparer de la ruralité pour en faire de nouveau un objet romanesque, alors qu’une large partie de la littérature contemporaine l’avait délaissée. Vous avez un discours sur la nécessité d’un pareil geste…

Pendant un moment, la littérature a abandonné le monde agricole. L’exode rural a provoqué une sorte d’exode littéraire. Mais il se trouve que les campagnes n’ont pas été totalement vidées. Alors que cet « exode » se produisait, on a vu émerger une étiquette « littérature de terroir », réunissant tous les textes qui parlaient des fermes, des champs et des étangs, destinés à un certain public. J’ai toujours trouvé ça condescendant. Mais il y a des écrivains comme Marie-Hélène Lafon, Pierre Bergounioux ou Franck Bouysse qui ont heureusement fait en sorte de ramener ce monde au premier plan.

Une bête au Paradis n’est pas un « roman agricole », c’est d’abord un roman noir. J’ai eu envie d’y aborder la question du corps des femmes dans le monde rural. Qu’est-ce qu’ils deviennent, avec leurs désirs, leurs métamorphoses, quand tout cela est secondaire, soumis au rythme des saisons, à la vie des animaux ? Est-ce que ces corps, qui ne sont pas moins forts que ceux des hommes, ont une place pour exister ?

Vous avez cité plusieurs noms d’auteur. « Une bête au Paradis » porte-t-il les traces de romans qui ont compté pour vous ?

Je cite à nouveau Marie-Hélène Lafon, dont Le Soir du chien (Buchet-Chastel, 2001) a beaucoup compté pour moi. Il y a aussi L’Epervier de Maheux, de Jean Carrière (Pauvert, 1972), un Goncourt génial et oublié. Et puis Le Puits, d’Ivan Repila (Denoël, 2014), qui m’a mis une claque : on pouvait donc écrire aujourd’hui un conte avec très peu de personnages, enfermés, et qui vous emporte. Tout est possible si on travaille son style avec une rigueur absolue.

Comment travaillez-vous le vôtre ?

J’ai un rapport à mon écriture qui est plus celui d’une lectrice que d’une auteure : je me demande d’abord ce que j’ai envie de lire. Ce qui m’intéresse, ce sont les livres dont l’auteur n’apparaît pas. Je dois être complètement au service de l’histoire. Une bonne histoire sans un style vivace, vivant et poétique, c’est un superbe moteur sans carrosserie autour. J’enlève tout ce qui est inutile. Si mes livres avaient des corps, ce seraient ceux de marathoniens, d’une sécheresse absolue, mais dotés du nécessaire pour ne pas cesser d’avancer

Le Café inventé Rue de Trans, 83300 DRAGUIGNAN France