Book club
Le 06/07/2024 à 10:30
- Chapelle de l'Observance
Pas moins de quatre livres au programme de notre prochain club de lecture :
- A la ligne de Joseph Ponthus (La table ronde 2019, Folio Gallimard 2020)
- Du même bois de Marion Fayolle (Gallimard, 2024)
- Nous nous aimions de Khetevane Davrichewy (Sabine Wespieser 2022, Points 2023)
- Le roitelet de Jean-François de Beauchemin (Gallimard, Folio, 2023)
Joseph PONTUS, A la ligne, Feuillets d'usine
À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes
Marion Fayolle, Du même bois
« Les enfants, les bébés, ils les appellent les “petitous”. Et c’est vrai qu’ils sont des petits touts. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu’ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.
C’est pas toujours facile d’être un petit tout, d’avoir en soi autant d’histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi. »
Dans une ferme, l’histoire se reproduit de génération en génération : on s’occupe des bêtes, on vit avec, celles qui sont dans l’étable et celles qui ruminent dans les têtes. Peintes sur le vif, à petites touches, les vies se dupliquent en dégradé face aux bêtes qui ont tout un paysage à pâturer.
Marion Fayolle crée un monde saisissant dont la poésie brutale révèle ce qui s’imprime par les failles, par les blessures familiales, comme dans les creux des gravures en taille-douce.
Khetevane Davrichewy, Nous nous aimions
Il y a eu l’enfance heureuse. Partagée entre le Vésinet, où les parents aimants d’origine géorgienne s’étaient installés, et les séjours si doux, les premiers amours en Géorgie, l’été, chez les grands-parents. Fillettes, les deux sœurs se serraient les coudes quand les douanières de l’aéroport de Moscou les terrorisaient en menaçant de ne pas laisser repartir leur mère à Paris. Longtemps après, la mort du père a fait voler en éclats l’harmonie passée, la guerre a déchiré l'Abkhasie, et les sœurs, si proches, se sont éloignées l’une de l’autre.
Pourtant, elles s’aimaient.
Kéthévane Davrichewy est née à Paris au sein d’une famille géorgienne. Ses romans, La Mer noire (prix Landerneau 2010, prix Version Femina/Virgin Megastore 2010, prix Prince-Maurice 2011), Les Séparées, Quatre murs et L’Autre Joseph (prix des Deux Magots, 2016) ont tous rencontré le succès.