Café littéraire

Le 13/03/2020 de 17:00 à 19:00

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  • Le Café inventé - DRAGUIGNAN

En raison des vacances scolaires, notre prochain café littéraire se tiendra VENDREDI 13 MARS au Café Inventé, rue de Trans, à 17h.  Nous vous proposons d'échanger autour de deux textes :

Le roman LE GHETTO INTERIEUR de Santiago H. Amigorena (Editions P.O.L., 2019)

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Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu’ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d’interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l’un d’entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.

Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence.

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 Un texte de théâtre, Qui a tué mon père, d'Edouard Louis, éditions du Seuil 2018 (en poche dans la collection Points)

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Comme ses livres précédents (En finir avec Eddy Bellegueule, 2014, Histoire de la violence, 2016), Qui a tué mon père, d’Édouard Louis, a pour centre la violence : celle que l’on subit, celle que l’on inflige, violence physique et psychologique. Qui a tué mon père s’organise autour de souvenirs du narrateur, souvenirs qui sont comme des instantanés brefs, suscités – lors d’un retour du fils auprès de son père –, par la vision de ce qu’est devenu celui-ci : un corps en lambeaux, souffrant, détruit. Le corps soumis à la violence sociale et politique, à une violence intime exercée par la collectivité, par le pouvoir (social et politique toujours), par soi sur soi est cette fois celui du père.

Dans le monde du père, on boit beaucoup et on a une idée bien précise de ce qu'est un homme. On ne rigole pas sur ces questions-là, surtout devant les copains. Alors avoir un fils qui aime jouer la fille, un garçon qui travaille bien à l'école, c'est la honte. Cette histoire-là, Edouard Louis l'avait déjà racontée en 2014 dans En finir avec Eddy Bellegueule. Il y revient. "Mais est-ce qu'il ne faudrait pas se répéter quand je parle de ta vie puisque des vies comme la tienne personne n'a envie de les entendre ? Est-ce qu'il ne faudrait pas se répéter jusqu'à ce qu'ils nous écoutent ? Pour les forcer à nous écouter ? Est-ce qu'il ne faudrait pas crier ? Je n'ai pas peur de me répéter parce que ce que j'écris, ce que je dis ne répond pas aux exigences de la littérature, mais à celles de la nécessité et de l'urgence, à celle du feu".

Qui a tué mon père a été mis en scène et interprété par Stanislas Nordey. Retrouvez la présentation de son texte par Edouard Louis au Théâtre National de Strasbourg en cliquant ici, et quelques extraits du spectacle en suivant ce lien

Le Café inventé Rue de Trans, 83300 DRAGUIGNAN France